L'informatique
L'informatique est, comme l'architecture, un bon exemple de retour en arrière depuis une centralisation quasi totale vers une répartition plus homogène.
Dès son apparition, l'ordinateur fut conçu comme une machine énorme, ne pouvant qu'être centrale, pour être mise à la disposition de nombreux utilisateurs. La puissance de calcul, la normalisation des programmes et le stockage des données ne pouvaient être imaginées autrement. Les "unités centrales", ce fut leur nom pendant longtemps, ont donc grossi progressivement et leur puissance a été accrue dans des proportions inimaginables.
Les programmes ne dérogeaient pas à la règle. Leur algorithme, partant d'une boucle principale, se déroulaient par branches issues d'un point commun. Il fallait, pour passer d'une branche à l'autre, revenir au nœud central pour emprunter un chemin voisin. La mémoire, elle aussi était "centrale". C'était le meilleur moyen qui garantisse la possibilité de partage des informations entre plusieurs applications ou utilisateurs. Les utilisateurs accédaient chacun leur tour aux ressources de calcul ou de stockage, mais la vitesse avec laquelle cet enchainement d'accès était opéré donnait une impression de simultanéité. Au lieu de multiplier les matériels, on divisait le temps. Inconvénient majeur de cette solution c'est la catastrophe inévitable qui survient pour tous les utilisateurs en cas de problème !
A l'avènement de la micro-informatique, le chemin était donc tout tracé. L'unité centrale devenait plus petite mais restait centrale. Elle était chargé de toutes les tâches du système. Depuis le plus petit affichage jusqu'à la gestion des entrées-sorties. Le processeur était tellement centralisé qu'il passait la plus grande partie de son temps sur des actions banales comme le rafraichissement de mémoires dynamiques l'affichage de chaque pixel ou la scrutation de clavier !
Rapidement, on prit conscience de cet excès de centralisation et on distribua des seconds rôles à des acteurs périphériques pour réserver les réelles compétences du processeur à des tâches plus nobles. On vit ainsi apparaître les processeurs de gestion de clavier, de traitement vidéo, de contrôle d'entrée-sortie, de communication Etc. Le processeur "central" se vit même affecter un adjoint, le processeur mathématique... Ce premier pas vers la décentralisation aboutit rapidement aux micro-ordinateurs tels que nous les connaissons aujourd'hui dans lesquels même le processeur central comporte plusieurs noyaux.
Aujourd'hui, la programmation "objets" permet de sauter sans problème d'une branche à l'autre sans ne rien perdre des données collectionnées, de remplir un formulaire dans n'importe quel ordre, et même d'exécuter plusieurs occurrences d'un même processus sans mélanger les données de chacun ! Ce qui n'empêche pas un sous programme de pouvoir hériter des caractéristiques, propriétés ou données d'un autre pour optimiser la taille du code...
Mais le chemin n'était pas terminé. Un grand nombre de ces machines étaient employées comme "terminal intelligent", connectées à un ordinateur central. Irremplaçable, disaient certains ! Les réseaux étaient donc constitués de branches en étoile, aboutissant toutes au roi des rois, le central !
Bien heureusement, quelques "fous" ont imaginé d'autres solutions et celle qui se nome "structure maillée" prit vite le pas sur toutes les autres et Ethernet puis Internet vinrent redistribuer les cartes. Dans ces structures, tous les participants représentent un "poids" équivalent même si chaque nœud peut être spécialisé dans des tâches particulières.
L'augmentation de la puissance de calcul de chaque micro-ordinateur fit le reste pour que l'on trouve de moins en moins de mastodontes centraux, ce qui contribue au fait que l'on entend de moins en moins "C'est la faute de l'ordinateur du siège...".
Voilà un modèle qui, parti d'un centralisme obligé, après quelques décennies est devenu complètement distribué, pour le plus grand profit de tous ses utilisateurs. Ce profit est également partagé par les fournisseurs qui ne manquent pas d'y trouver leur compte !!
Pourquoi ce qui est valable dans ce cas
serait impossible dans beaucoup d'autres ?